vendredi 22 août 2008

Ce que nous leur devons…

A propos du sacrifice des 10 jeunes soldats français tués au combat en Afghanistan, l’on a entendu de nombreuses voix, y compris venant des familles des jeunes parachutistes, dire qu’ils étaient morts pour rien.
Il est du devoir des hommes politiques de s’interroger sur l’opportunité de notre engagement en Afghanistan sous commandement de l’OTAN, dans une guerre voulue par les Etats-Unis. On ne peut rester silencieux alors que la France, la jeunesse française ont, par le passé, payé un trop lourd tribut à cause d’unions "sacrées" autour de guerres que la diplomatie et une politique de bon sens auraient dû éviter. Hier, dans la cour majestueuse des Invalides, les Français ont pu se rappeler que certaines erreurs politiques se paient au prix du sang.
Il est donc légitime de se demander si Jacques Chirac (qui n’était pas présent hier aux Invalides) avec Lionel Jospin ont eu raison d’envoyer l’armée française en Afghanistan en 2001 et si Nicolas Sarkozy n’a pas eu tort de renforcer ce contingent avec la pauvreté de moyens que l’on sait. Comme l’a rappelé Bernard Antony dans son communiqué du 19/08/2008, les Etats-Unis ont commis tellement d’erreurs dans leur politique extérieure, tant de fautes criminelles dans leurs actions diplomatiques et militaires, qu’on peut douter de la nécessité d’être présents en Afghanistan. L’histoire montre aussi que les intérêts économiques et pétroliers ont souvent été un élément décisif de l’engagement américain en matière de conflits. Lutter efficacement contre le terrorisme ? Là aussi on doit se poser la question.
Il est cependant faux de dire que nos jeunes paras sont morts pour rien.
Les Français ont tout d’abord repris conscience qu’ils avaient une armée. Un mois et demi après le drame de Carcassonne, le sang de ces soldats a lavé l’armée française des mensonges, des injures et des crachats qu’elle a reçue, y compris venant du Chef de l’Etat.
Mais surtout, dans notre société où l’égoïsme et l’individualisme sont la règle, pour un peuple qui semble avoir oublié le sens du sacrifice, leur mort au combat, à 20 ans pour la plupart, est sans doute un signe avant-coureur d’une résurrection de l’esprit de résistance français. Dans le contexte international et national actuel, cette dimension n’est pas anodine. La France, comme le reste du monde, entre dans une période d’incertitudes et de risques graves, en avoir conscience et s’y préparer, cela n’est pas rien.
L’exemple du Liban n’a pas éveillé l’esprit de nos compatriotes sur les réalités de ce début de XXIème siècle, ce soldat du RMT, ces paras du "8" et du REP sont peut être les éclaireurs de notre avenir. Ils ont droit à notre reconnaissance et à nos prières.

Yann Baly