vendredi 16 mai 2008

Le Hezbollah applique la stratégie léniniste : trois pas en avant, un en arrière

A juste remonter un peu les lignes sur votre écran, vous pourrez vérifier que les choses se déroulent au Liban à peu près comme je le prévoyais en écrivant que le Hezbollah savait jusqu’au où il pouvait « aller trop loin », ne pouvant se permettre de trop indisposer la Syrie.

Alors il fait preuve de bonne volonté en consentant à débloquer l’aéroport de Beyrouth et à desserrer son étau sur la capitale.

Et l’on présente dans les médias l’arbitrage de la Ligue arabe et la décision d’aller discuter au Qatar comme un succès.

Ce pourrait l’être en effet mais un succès islamique ! Car pour tant que les musulmans sunnites, d’une part, chiites et sectes dérivées de l’autre, se détestent, ils ont tous un principe supérieur d’unité proclamé dans le Coran : l’oumma, c’est-à-dire la communauté de tous ceux qui croient à la révélation d’Allah transmise par son prophète.

Ce qui va, selon moi, se passer au Qatar va être une tentative de remettre encore un peu plus en question le statut de 1943 qui régissait , théoriquement au moins, les rapports inter-communautaires libanais et permettait aux chrétiens jadis majoritaires de se voir attribuer la présidence de la République, la direction de l’armée et la moitié des ministères, les sunnites ayant le poste de premier ministre, les chiites, la présidence de l’Assemblée et les uns et les autres avec aussi les druzes, différents ministères.

Déjà les accords de Taëf de 1989 mettant fin, si l’on peut dire, à la guerre civile avaient diminué les prérogatives des chrétiens en différents domaines.

Ce que veut aujourd’hui le Hezbollah c’est, grosso modo, réduire la part chrétienne à un tiers des postes, quitte à leur laisser un temps la présidence de la République sans pouvoir réel, donner un tiers aux sunnites et aux druzes et consentir à n’exiger pour l’instant que l’autre tiers. Jusqu’à ce que leur poussée démographique leur permette d’exiger beaucoup plus.

Mais, on le voit, le Liban, au fil des conflits passe peu à peu du statut d’Etat arabe à celui d’Etat islamique. Il est vrai que les lâchetés de l’Occident et les divisions des chrétiens n’auront pas peu contribué à cela. Ainsi s’accomplit à peu près la prévision d’Henry Kissinger qui fut le ministre des Affaires étrangères américain sur les chrétiens : « Un tiers mourront, un tiers partiront, un tiers resteront ».

Mais tôt ou tard aussi, Israël paiera l’immense erreur politique que le mépris des chrétiens de trop de ses dirigeants a entraînée en laissant de fait, par un accord implicite, la Syrie dominer le Liban.

La puissance islamique

Ces jours-ci de belles émissions de télévision sur les monarchies de ce monde nous ont montré les immenses richesses, les réalisations et les ambitions des royaumes musulmans de la péninsule arabique et du Golfe jusqu’au Sultanat de Bruneï dont le maître est l’homme est le plus riche de la planète.

Ceci devrait inciter à la réflexion sur l’immense et rapide avancée islamique sur le monde. Mais hélas, il y a, à droite, des crétins qui continuent à voir le monde comme au temps de l’affaire Dreyfus voire à l’extrême droite des nostalgiques de l’alliance d’Adolf Hitler avec le grand mufti de Jérusalem.

Il y a de même à gauche des incurables de la laïcité ouverte à l’islam dans la tradition maçonnique de la république des Loges.

Il y a enfin les catholiques « dialogueux » style Monseigneur Fitzgerald ou le Père Lelong pour lesquels le soi-disant dialogue ne doit même pas aller jusqu’à demander aux musulmans de faire eux aussi repentance et de pratiquer la réciprocité dans la liberté religieuse et la construction des édifices religieux.

Non seulement on n’envisage pas de vouloir convertir les musulmans ni de contenir l’avancée conquérante de l’islam en arrêtant leur immigration mais il s’agit comme en Espagne d’accorder à la minorité musulmane la place des majorités encore chrétiennes.

L’archevêque de Tolède, Mgr Antonio Camizares s’est, sur ce point, exprimé clairement en parlant des gouvernants socialistes espagnols : « Ils essayent à tout prix d’en finir avec nos racines chrétiennes ».

En France, on n’a pas eu besoin des socialistes pour cela. De Chirac à Sarkozy, la continuité est parfaite pour que notre république soit toujours plus islamo-compatible. Sans réaction il est vrai de la majorité du clergé et des catholiques de France dont la plupart semblent n’avoir que du rahat-lokoum dans la cervelle.


NB : L’Etat de santé et les soucis du Père Attallah l’ont conduit à annuler sa venue en France. Je ne tiendrai donc hélas pas de conférence avec lui pour appeler à l’aide pour les enfants chrétiens qu’il faut aider à demeurer sur la terre libanaise.

En revanche, je consacrerai avec tous les amis de Chrétienté-Solidarité beaucoup d’efforts à cette fin et j’en parlerai notamment mercredi prochain, lors de la seconde partie de notre émission « Le Libre Journal de la Réplique » qui sera consacrée à l’analyse de la crise libanaise et de ses imbrications dans le choc des civilisations et des jeux stratégiques des puissances.