lundi 23 octobre 2006

Discours de Villepreux

Chers Amis

Si nous sommes réunis à l’initiative du Centre Charlier, c’est parce que nous partageons un même refus du règne du mensonge, de la désinformation, de la culture de mort dans les médias ; parce que nous partageons la même angoisse devant la disparition programmée de notre civilisation française, européenne et chrétienne.

Mais c’est surtout parce que nous avons fondamentalement, au-delà d’éventuelles différences d’analyse et de stratégie, un même regard chrétien sur l’homme, la société, sur l’histoire. Non pas, j’en suis persuadé, un regard sectaire et orgueilleux, sachant fort bien nos insuffisances et nos défauts.

Nous sommes ici des catholiques ou des Français respectueux pour le moins de la morale et de l’œuvre civilisatrice de l’Eglise, et ce malgré, les fautes, les erreurs humaines voire les crimes de ceux qui agissent en son nom.

Nous essayons de suivre et de faire fructifier une doctrine qu’à sa hauteur d’intelligence et avec sa luminosité, le pape Benoît XVI a exprimé dans sa magistrale conférence de Rastisbonne.

Héritiers de cette civilisation dont les soubassements s’appellent Jérusalem, Athènes et Rome, nous croyons à l’alliance de la foi et de la raison, d’une foi qui ne dévalue pas le surnaturel dans l’irrationnel, d’une raison qui ne s’atrophie pas dans le refus de rechercher la cause première et la fin dernière.

Plutôt que de dire « tout ce qui est catholique est vrai et bon » -ce qui est vrai, nous préférons dire « tout ce qui est vrai et bon est catholique ».

Cela détermine en politique notre esprit d’ouverture, de recherche de la plus grande unité possible mais jamais dans le refus de la vérité et de la loi morale à laquelle ne peut être qu’ordonnée la loi civile.

Voilà pourquoi nous nous battons, politiquement, pour un certain nombre de mesures utiles et nécessaires, voire vitales, pour notre pays telles que l’abolition de la loi stalinienne Rocard-Gayssot ; l’instauration du chèque scolaire ; une autre législation sur la représentativité syndicale ; un autre code de la nationalité ; et la sortie de « cette Europe là ».

Mais il y a au dessus de cela, les exigences fondamentales, en préambule de toute charte de salut national : la défense de la vie, le respect des valeurs de la loi morale, le respect de l’identité chrétienne de la France.

Permettez moi cette confidence : c’est avec beaucoup de joie qu’en 1984, après bien déjà des années de militantisme, je rejoignais Jean Marie Le Pen qui, à l’Heure de Vérité du 13 février 1984 déclarait :

« La législation de l’avortement a été dans notre pays une régression de plusieurs siècles, peut être même de plusieurs millénaires car les Romains, avant même le christianisme, avaient noté l’infans conceptus : c'est-à-dire que l’enfant conçu est réputé né chaque fois qu’il s’agissait de son intérêt. »

Je suis triste, très triste de ce que dimanche dernier il ait déclaré :

« Je suis pour la défense de la vie, mais je pense qu’il y a des questions qui sont prioritaires et celle là, en l’état actuel de l’opinion publique, ne me paraît pas prioritaire.Moi j’essaye de rassembler les Français sur la prise de conscience du danger qui menace leur pays et il ne me semble pas pour l’instant, ce n’est pas le danger principal. »

Un mois avant, très exactement le 16 septembre, le pape Benoît XVI déclarait :

« On ne peut pense r qu’une société puisse combattre efficacement le crime quand elle le légalise elle-même dans le cadre de la vie naissante. »

Il y a presque un siècle, Léon Daudet et l’Action Française lançaient l’expression et l’idée du « compromis nationaliste ».

A l’époque, il n’aurait pas été envisageable que celui-ci puisse se faire avec des partisans de l’avortement. Même à gauche il n’y en avait pas et nul n’aurait osé proposer sa banalisation légale.

C’est dire que nous ne pouvons faire un compromis nationaliste avec les défenseurs de la culture de mort.

Dire que la législation n’est pas le « danger principal » nous paraît donc une très mauvaise expression. Car cette législation est au cœur même du dispositif de ce que j’ai appelé le génocide français.

Bien sûr, nous savons bien qu’il y a toujours et encore les dangers majeurs résultant de l’immigration de certaines populations. Mais qu’est ce que le génocide français sinon un génocide de substitution de peuple résultant essentiellement de la conjonction de l’immigration et de la dénatalité européenne ?

Alors je le dis non sans peine mais avec fermeté : « compromis nationaliste » pourquoi pas, même si je préfère le terme d’ « Amitié française ». Entre républicains et royalistes, oui ! Entre patriotes ayant des vues différentes sur la régionalisation, sur la sécurité sociale, sur le syndicalisme, sur les modes électoraux, sur les modes électoraux, sur les partis politiques et bien d’autres choses, encore oui !

Mais comment militer ensemble, de gaieté de cœur, l’âme légère, lorsque l’on est divisé sur le fait d’accepter ou, au contraire, de lutter avec détermination pour remplacer une législation de culture de mort ?

Voilà pourquoi, j’espère que sur ce point crucial, Jean Marie Le Pen reprendra sa ligne courageuse de 1984.

Pour ce qui est de nous, nous savons ce que nous avons à faire dans la fidélité à nos valeurs, la valeur de nos idées la clarté de nos idées, la détermination dans l’action. C’est pour que nos enfants et petits enfants ne soient point demain isolés, marginalisés, menacés, dans une France libanisée au mauvais sens du mot, que nous nous battons.

C’est, j’en suis persuadé, le vœu, l’encouragement que nous recevrons cette semaine, là-bas, de nos amis libanais qui se sont tant battus pour leur foi et leur liberté.

Nous non plus, ne baissons pas les bras !


Bernard Antony
Villepreux, le 22 octobre 2006-10-23