lundi 6 septembre 2010

Front National : une analyse shakespearienne !

Je lis dans le toujours très intéressant et documenté Salon beige les informations sur la manière «disciplinaire» dont Le Pen fait taire les derniers partisans de Gollnisch.

Je lis par ailleurs dans la presse du dimanche les procédés d’écrasement et de mépris par lesquels la continuité Le Pen traite le très fidèle, très loyal et très inconditionnel Bruno Gollnisch. Ce dernier ne réagit décidément jamais aux avanies qu’il subit de la part de son chef bien-aimé, avec un degré d’obéissance personnelle que l’on ne demande dans aucun ordre religieux catholique.

Dans l’Église en effet, l’obéissance n’est due que dans la conformité de l’autorité à la finalité de la mission. C’est le contraire de l’esprit de secte où le disciple accepte tout d’un gourou.

Le Salon Beige rapporte que Le Pen a annoncé que « l’animateur du site « les jeunes avec Gollnisch » sera déféré devant la commission de discipline du Front National et devra s’expliquer ». Le Salon Beige commet une petite erreur en ajoutant que ce sera par « une méthode qui a fait ses preuves par le passé avec des personnalités comme Bernard Antony, Jacques Bompard… »

En effet, j’avais pour ma part démissionné du Bureau Politique du Front National pour marquer ma désapprobation devant sa croissante inutilité, espérant, sans grande illusion, en entraîner certains à un sursaut d’exigence d’un autre mode de fonctionnement.

Mais je n’avais pas quitté le Front National et quelle n’avait pas été ma surprise de lire dans la presse la nouvelle que j’avais été rayé de la liste des adhérents pour « non-renouvellement de cotisation » (sic) alors que celle-ci était parfaitement en règle comme l’attestait ma carte dont l’échéance n’expirait que l’année suivante !

Ce bas procédé d’élimination par M. Aliot que je baptisais alors « Loulou la Purge » ne s’encombrait même pas de quelque proposition de réunion de la très stalinienne commission de discipline.

Mais je défiais alors Jean-Marie Le Pen d’accepter un débat avec moi devant le Bureau Politique ou devant le Comité Central dont je n’avais pas démissionné. Le Pen se déroba.

Depuis lors, je n’ai pu que me féliciter d’être hors d’un parti politicien où les méthodes et les mœurs politiques à sa tête ne sont pas mieux qu’ailleurs. L’intérêt à les observer n’est pas tant politique que psychologique.

Je suis certes en désaccord sur certains points fondamentaux avec Marine Le Pen et avec Bruno Gollnisch sur quelques autres de moindre importance. Mais je persiste à être fasciné par la constante de non-réactivité de ce dernier devant les humiliations distillées par Le Pen (ce que ne nécessite pas en politique la vertu chrétienne de la joue tendue) et devant l’élimination de ses amis exclus ou poussés au départ. Demeurera-t-il dans un double rôle de réceptacle de mépris et de faire-valoir pour Marine ? On est là devant un cas intéressant pour les grands amoureux comme moi du théâtre de Shakespeare.