mercredi 9 décembre 2009

Nicolas Sarkozy fait semblant d'ignorer que l'islam n'est pas seulement une religion

La tribune libre dans Le Monde de ce 9 décembre, signée de Nicolas Sarkozy, Président de la République appelle les remarques suivantes :


1) Sur le populisme.

- Avec une certaine habileté dialectique et politique, Nicolas Sarkozy se démarque de ceux qui brandissent l’épouvantail populiste chaque fois que démocratiquement s’exprime en France ou en Suisse et ailleurs en Europe le libre pays réel contre l’idéologie dominante des sphères politico-médiatiques et financières qui entendent imposer à tous les peuples l’utopie constructiviste du mondialisme.

- Mais lui aussi dénigre et condamne le populisme comme un extrémisme, ce qu’il n’est évidemment pas, en le distinguant des suffrages légitimes des peuples en tant qu’expression de crainte et de souffrance. La vérité, on le sait, c’est que la gauche qui n’accepte que la démocratie idéologiquement bordée et contrôlée, a toujours marqué d’un sceau d’infamie les expressions des peuples contraires à sa vision totalitaire et nihiliste de l’homme et de la société. Elle utilise alors l’incantation menaçante des injures à fort potentiel d’intimidation et de terreur pour réduire les majorités en majorités silencieuses et faire agir ses polices de la pensée. Ces mots, on les connaît : fascisme, intégrisme, racisme… Et généralement, la droite apeurée, décervelée, hébétée ou complice, reprend les accusations à son compte pour essayer de se faire disculper par la gauche de tout penchant réactionnaire. En dehors des agents provocateurs comme Daniel Cohn-Bendit, amateur en quelque sorte de détournement de minarets, on hésite tout de même à taxer les Suisses des qualificatifs les plus infamants. Alors on charge par le matraquage médiatique le terme de populisme d’une noire connotation. Or, si le populisme est la doctrine de la libre expression des sentiments et des choix des peuples, on ne voit pas en quoi il serait plus répréhensible que le socialisme qui se fonde sur les vertus du collectivisme étatique ou le libéralisme qui met en avant celles du libre échangisme. Il est évidemment plus respectable que le communisme avec son immense héritage exterminationniste.


2) Sur le communautarisme.

Nicolas Sarkozy voit bien les dangers de ce qu’il appelle le communautarisme. Là aussi se glisse un potentiel de dangereuse confusion entre le respect et la défense des communautés naturelles ou politiques (famille, villes et villages, provinces, communautés enseignantes, associations professionnelles…) qui est le propre des doctrines politiques non-totalitaires et le communautarisme qui est l’introduction, le développement et la revendication conquérante de populations refusant de se fondre dans la continuité française, dans l’adoption de son histoire, le respect de ses racines et valeurs chrétiennes, et mettant en avant une autre réalité communautaire que la communauté d’héritage et de destin de la nation française.


3) Sur le métissage.

Face au danger communautariste, Nicolas Sarkozy invente le bienfait du métissage comme ingrédient essentiel de l’identité française. Là aussi, le mot est lourd de confusion. Le métissage désigne communément le fait sympathique de la rencontre amoureuse d’un homme et d’une femme de races différentes. Dans sa vocation impériale, la France comme Rome jadis a constitué un vaste ensemble propice à de telles fusions. Cela nous a donné un Alexandre Dumas ou plus près de nous, le grand philosophe, sociologue et penseur de la droite de conviction, Jules Monnerot. Mais le métissage a été récupéré idéologiquement devenant quasiment, comme l’école, une exigence laïque et obligatoire de l’utopie de la république universelle, à promouvoir sans cesse obsessionnellement partout : dans l’enseignement, dans les médias, dans la publicité, dans les spectacles et dans le sport.

Son idéologie, comme l’exprime avec une violence raciste conquérante madame Houria Bouteldja, c’est que la France ne devrait pas plus longtemps demeurer principalement de race blanche. Ce que renforce encore l’appel au recrutement de « mâles noirs » de madame Lauvergeon. Ceci a le don de susciter la compréhensive colère des Français noirs ou métissés, gênés d’une curieuse exemplarité raciale qu’ils n’avaient jamais recherché.

Faudra-t-il désigner comme coupables de racisme nos compatriotes de race jaune, à l’évidence globalement peu portés à des fusions avec des personnes de race noire, ou nos compatriotes juifs sensibles aux incessantes exhortations de rabbins très hostiles aux mariages extra-communautaires ? Nicolas Sarkozy, on le lit, se pare à des fins démagogiques des plumes du métissage. Il brouille ainsi, par une extension de sens abusif, la commune et précise compréhension des mots.

Qu’il regrette d’être découvert blanc comme un cachet d’aspirine lorsqu’il fait son « jogging », c’est son affaire. Et pourquoi a-t-il donc toujours choisi d’engendrer des enfants blancs et toujours choisi de blanches épouses ? Mais comme s’il fallait être complexé de n’être point métissé, alors le voilà se déclarant métis ; cela serait puéril si ça ne dénotait l’extraordinaire soumission idéologique à la valeur du mélange pour le mélange.

Mais bien sûr, on veut bien le comprendre, Nicolas Sarkozy entend surtout par métissage la rencontre de populations différentes de mœurs et de religions.


4) Nicolas Sarkozy et l’islam.

À l’évidence en effet, c’est sur la rencontre de la réalité islamique sans cesse grossissante depuis quelques décades et de l’identité française que Nicolas Sarkozy s’emploie à théoriser sur le métissage, habilement dans la forme mais très mal dans le fond. Car le problème avec l’islam échappe totalement à une problématique de métissage réel. Rien de racial ou d’ethnique là-dedans ! L’islam bosniaque à l’appel du grand Mufti de Jérusalem ne fournit-il pas de vaillants combattants, blonds aux yeux bleus, à Adolf Hitler ?

Nicolas Sarkozy veut métisser l’islam et la France. Il n’y arrivera pas. Car l’islam n’a jamais été métissable au sens sarkozien du mot. Jamais et aucune part, il ne s’est fondu dans un autre ensemble que celui de sa propre communauté coraniquement fondée : l’oumma. Au mieux, il a accepté des phases de coexistence en des situations où il a été minoritaire ou dominé. Mais jamais ses fidèles ne renonceront aux prescriptions fondamentales de son prophète et modèle politique Muhammad sur les rapports à instituer avec les infidèles, selon les cas : « les gens du livre » ou les non-croyants.

Ils pourront certes, selon les recommandations de la vertu de Taqqiya, (restriction mentale, mensonge nécessaire) dissimuler leur doctrine mais pas l’abandonner.

Car à terme, le but est d’amener l’humanité à l’islam (qui signifie « soumission ») par l’avancée démographique, dans la trêve, mais aussi, chaque fois que jugé nécessaire ou possible, par la guerre (jihad) suivie, après la victoire, de la possibilité d’accorder aux « gens du livre » le statut de la dhimmitude.

Nicolas Sarkozy, par ce qu’il appelle son métissage, doit bien connaître, on veut le croire, soit par la transmission orale, soit par la lecture, l’histoire des Balkans et de l’application ottomane de cette dhimmitude. Il doit savoir aussi, ou s’il ne le savait pas, ce serait désolant, que l’islam n’est pas uniquement une religion et même, pas principalement, une religion.

Ses conseillers ne peuvent manquer de lui avoir fourni un, dix ou vingt des textes innombrables semblables à ce rappel de l’habile Tariq Ramadan, coqueluche de nos médias : « L’islam entre difficilement dans les limites de l’acceptation du mot « religion », ou encore ceci de son frère Hani Ramadan : « L’islam touche tout autant l’espace public que la sphère privée(…) Il est religion et État, foi et loi, doctrine et mode de vie ; il comprend dans son système les principes d’un gouvernement et aussi des prescriptions de guerre, appelant les croyants au combat pour défendre leurs droits. »

Nicolas Sarkozy ne peut ignorer que les frères Ramadan, petits-fils du fondateur des Frères Musulmans, sont les guides de la très importante UOIF (Union des Organisations Islamiques de France) et que leurs assertions sur ce qu’est l’islam sont partagés par l’immense majorité des autres organisations.

La difficulté avec l’islam ne réside pas tellement dans sa dimension religieuse même si celle-ci est lourde de conséquences pratiques sur le traitement à accorder aux « non-croyants ». On peut en effet, comme nous, admirer la religiosité des musulmans et ne pas évidemment chercher à empêcher leurs prières comme on le fait de celles des chrétiens en Arabie saoudite.

Il y a eu de grands patriotes français parmi les musulmans comme l’ancien vice-président de l’Assemblée Nationale le Bachaga Boualem et les siens dont certains, si atrocement abandonnés par la France et livrés aux pires tortures des exterminateurs de la présence française en Algérie.

Mais le Bachaga nous avertissait de craindre cet islam « oscillant entre le fatalisme et le fanatisme ». Car la difficulté, c’est de savoir, comme le disent de la même façon Nicolas Sarkozy, Marine et Jean-Marie Le Pen, s’il peut y avoir un « islam de France ». Or, de par la valeur fondamentale que, par-dessus des divisions bien réelles, l’unanimité islamique accorde à l’oumma (« la meilleure communauté qui ait été produite pour l’homme » (Cor. 3,110), il est évident que jamais une part de cette communauté, encore une fois politique autant que religieuse, ne saurait être durablement subordonnée à un autre ensemble, en l’occurrence celui de la nation française et de son État national.

Or la réalité musulmane en France n’est pas celle d’une multiplicité d’individus, ni même de familles, mais celle d’un sous-ensemble de l’oumma avec sensiblement la même conception de l’homme et de la femme, des mœurs, du droit et des lois que celle de l’islam en Arabie, en Bosnie, en Turquie, en Iran, en Indonésie… L’islam en France n’est en effet à l’évidence ni sur le modèle kémaliste ni sur le modèle baassiste d’ailleurs balayés, ni même sur celui de la Tunisie, dernière exception très menacée.

Il est donc très illusoire de prôner un « islam de France » alors que c’est, nuance de taille, un « islam en France » qui se structure chaque jour un peu plus avec des mosquées qui sont autant de pilotis de l’implantation de l’islam universel et des minarets qui n’ont pas pour vocation de demeurer longtemps sans déverser à haute intensité sonore les appels divers des muezzins.

Cela, les suisses l’ont compris.


Alors, que faire ?

D’abord empêcher une immigration musulmane qui grossira sans cesse les zones où l’islam est déjà majoritaire et renforcera un communautarisme déjà bien fort. Ensuite ne pas mettre sur le même plan la religion qui a façonné notre civilisation et notre identité et le phénomène politico-social et religieux de l’islam.

On doit respecter et même aimer chrétiennement les musulmans. Mais l’on pourrait aussi exiger des dirigeants de l’islam en France qu’ils se prononcent pour les mêmes libertés pour les non-musulmans en pays dominés par l’islam que celles dont les musulmans jouissent dans les pays européens. Cela, ils ne le font pas.

Mais par charité politique et souci du bien commun national, l’État peut et doit refuser les empiètements sociologiques et politiques islamiques sur notre identité et nos libertés, sur la conception chrétienne et française de l’égale dignité devant la loi de l’homme et de la femme.

Cela entraîne à l’évidence l’interdiction du port de la burqa, voile noir d’anonymat total, qui interdit à la femme d’exister dans son identité en tant qu’être humain différencié au moins par les traits du visage, expressifs de la personnalité, de l’âme et de l’esprit ; femme réduite à un mode de mariage qui n’est pas appartenance réciproque mais confiscation et domination de la femme par l’homme, ce qui n’est pas du tout de même nature que le retrait volontaire des religieuses se vouant dans la prière à un Dieu qui toujours les laisse libres et jamais ne les prive de leur visage. Nous revient ce libre vers de Paul Valéry : « Noir pur, solitude totale, plénitude du rien, perfection du néant. »


La liberté, le droit et même le devoir de refuser l’islamisation de la France.

L’État doit bien sûr veiller à respecter les libertés religieuses et à protéger les personnes, les croyants comme les autres.

Mais il doit respecter aussi le droit de refuser et de réfuter l’islam comme on a le droit de refuser et de réfuter toute idéologie.

La création du concept curieux d’ « islamophobie » et de son étrange interdiction par la loi (la phobie est une peur instinctive et irraisonnée) dissimule trop en effet une intolérable interdiction, attentatoire à la liberté de combattre l’islam comme idéologie que l’on refuse. Beaucoup combattent le catholicisme et il nous revient simplement de les réfuter. Ce qui est inadmissible, et aujourd’hui hélas protégé de fait par l’État, c’est de pouvoir injurier, salir, déverser des obscénités contre le christianisme et les chrétiens selon les habitudes de Philippe Val, ancien directeur de Charlie-Hebdo aujourd’hui directeur de France-Inter.

Les musulmans comme les juifs ne tolèreraient pas d’être ainsi agressés. Et s’ils l’étaient de cette manière, nous serions les premiers à réclamer le respect de leur foi et de leur dignité.

Mais opposer nos raisons à l’idéologie de l’islam et refuser son expansion, ce n’est pas se laisser dominer par une phobie, de surcroît illicite. C’est ce dont nous avons le droit et même le devoir imprescriptible, à la lumière des leçons tragiques de l’histoire que nous refusons d’enfouir par quelque complaisance irresponsable.


Bernard Antony

Président de l’Institut du Pays Libre